DROITS DES FEMMES : CÉLÉBRONS LA JOURNÉE INTERNATIONALE !

7 mins de lecture | Marion Gadot & Eunice Batep | Article | Diversité, Égalité & Inclusion

chiffre 8 sur fond rose

Journée internationale des droits des femmes : date, origine et enjeux

Chaque année, le 8 mars marque la Journée Internationale des Droits des Femmes, un événement global qui a pris une signification profonde et polyvalente au fil des années. Cette journée, plus qu'une simple célébration, est un rappel vigoureux de la lutte continue pour l'égalité des sexes, l'autonomisation des femmes et la reconnaissance de leurs contributions inestimables à tous les aspects de la société. Cet article explore la genèse, le développement, et les enjeux actuels de cette journée significative, particulièrement en regard de la situation en 2024.

 

Histoire et origines

La Journée Internationale des Droits des Femmes trouve ses racines dans les mouvements sociaux et ouvriers du début du XXᵉ siècle. Ces mouvements, nés en Amérique du Nord et en Europe, ont vu des femmes bravement réclamer des droits de travail équitables et le droit de vote. Une figure de proue dans l'établissement de cette journée fut Clara Zetkin, une journaliste militante allemande, qui en 1910, lors d'une conférence internationale des femmes socialistes à Copenhague, proposa la création d'une journée dédiée à la lutte pour les droits des femmes. La première célébration eut lieu le 19 mars 1911 en Autriche, en Allemagne, au Danemark et en Suisse. Au fil des années, la célébration a gagné en ampleur et en influence, culminant en 1977 avec l'officialisation de la journée par les Nations unies.

 

La signification et ses évolutions

Initialement axée sur le droit de vote et les conditions de travail, la journée s'est transformée pour englober un éventail plus large de problématiques telles que la violence contre les femmes, l'égalité salariale, l'éducation des filles et la santé reproductive. Elle est désormais une plateforme pour souligner les avancées réalisées, tout en mettant en lumière les défis qui persistent. Chaque année, les Nations unies définissent un thème spécifique, reflétant les préoccupations et les aspirations contemporaines liées aux droits des femmes.

 

La situation en 2024 : progrès et défis

En 2024, la thématique « Investir pour les femmes : accélérer le changement » met l'accent sur l'importance de l'investissement stratégique dans les initiatives et politiques favorisant l'égalité des sexes. Bien que des progrès significatifs aient été réalisés au fil des décennies, de nombreux défis subsistent. Les disparités salariales, le plafond de verre dans les carrières professionnelles, la sous-représentation politique et la violence basée sur le genre demeurent des problématiques omniprésentes.

Cependant, un changement majeur marque déjà l’Histoire française en ce début d’année 2024 : l’approbation des parlementaires (780 voix pour 72 voix contre) pour introduire l’IVG dans la Constitution ce lundi 4 mars 2024. Un vote historique à toutes les échelles. Ce faisant, la France devient le premier pays du monde à faire figurer l’IVG dans sa Constitution.

 

Chiffres-clés sur les droits des femmes

Dans le monde

  • Dans le monde, 2,4 milliards de femmes en âge de travailler n’ont pas les mêmes opportunités économiques que les hommes. (Banque Mondiale)
  • À l’échelle mondiale, le salaire des femmes ne représente que 77 % de celui des hommes. ( ONU Femmes)
  • 1 femme sur 3 – soit 736 millions de femmes – a été victime de violences sexistes et sexuelles au cours de sa vie et 1 femme est tuée par son conjoint ou un membre de sa famille toutes les 11 minutes. (ONU Femmes)
  • Dans le pire des scénarios climatiques, l’insécurité alimentaire devrait toucher jusqu’à 236 millions de femmes et de filles supplémentaires, contre 131 millions d’hommes et de garçons de plus, en raison du changement climatique. (ONU)
  • Les femmes consacrent environ 2,5 fois plus de temps aux soins non rémunérés et aux travaux domestiques que les hommes. (ONU Femmes)

 

En France

  • Les femmes gagnent toujours 15 % de moins que les hommes à temps de travail égal, près de 3 points au-dessus de la moyenne de l’Union européenne. (INSEE)
  • 20 % des femmes inactives le sont à cause des « obligations familiales », c’est 4 fois plus que la part des hommes inactifs pour ces mêmes raisons. (Eurostat)
  • 53 % des pauvres en France sont des femmes, soit 4,9 millions de femmes vivant sous le seuil de pauvreté. Deux tiers des personnes ayant recours à l’aide alimentaire sont des femmes. (INSEE)
  • 1 femme meurt tous les 3 jours sous les coups de son conjoint ou ex-conjoint et les cas de violences conjugales ont bondi de plus de 20 % en 2021 . (Vie publique)

 

Pourtant, le Haut Conseil à l’égalité alerte sur la persistance du sexisme en France :

  • 9 femmes sur 10 anticipent et adoptent des stratégies d’évitement pour éviter des actes sexistes.
  • 40 % des hommes trouvent normal que les femmes s’arrêtent de travailler pour s’occuper de leurs enfants
  • ¼ des hommes de 25 à 34 ans estiment qu’il faut parfois être violent pour se faire respecter.

 

Sensibilisation et actions

La journée du 8 mars sert de catalyseur pour des initiatives de sensibilisation et d'éducation. Les écoles, les entreprises et les institutions gouvernementales organisent des événements, des conférences et des ateliers pour discuter des problématiques liées aux droits des femmes et pour promouvoir des solutions. Cette année chez Hays, une table-ronde sur les thèmes de la Diversité, de l’Equité et de l’Inclusion (DE&I) ainsi que des collectes en faveur des femmes en difficulté sont organisées en cette journée par l’équipe People & Culture. Les gouvernements et les ONG intensifient également leurs efforts pour intégrer l'égalité des sexes dans leurs politiques et programmes, reconnaissant que l'autonomisation des femmes est cruciale pour le développement social et économique. En 2023, la France continue de respecter et de mettre en œuvre la loi Copé-Zimmerman, qui impose un minimum de 40 % de femmes dans les conseils d'administration. Cette mesure a entraîné une augmentation significative de la représentation féminine dans ces postes, reflétant l'engagement du pays en faveur de la parité en entreprise.

La proposition de loi du congé menstruel est une initiative qui mérite également une attention particulière. Elle vise à accorder un congé spécifique aux femmes souffrant de douleurs menstruelles sévères, une reconnaissance importante des besoins spécifiques de santé des femmes au travail. Ce congé pourrait non seulement soulager physiquement les femmes concernées, mais aussi promouvoir un environnement de travail plus inclusif et empathique. La reconnaissance des douleurs menstruelles comme un obstacle légitime à la productivité normale est un pas en avant vers la déstigmatisation des problèmes de santé féminins et leur prise en compte dans les politiques RH.

 

Impact et changement

La pandémie de Covid-19 a exacerbé de nombreuses inégalités existantes, mettant en évidence les vulnérabilités particulières des femmes dans les crises sanitaires et économiques. Face à ces défis, de nombreuses organisations ont adapté leurs stratégies pour soutenir les femmes, notamment par le biais de mesures visant à atténuer l'impact économique de la pandémie sur les femmes et à lutter contre l'augmentation des violences domestiques.

En 2023, le gouvernement français a lancé un plan ambitieux, le « Plan interministériel pour l’égalité entre les femmes et les hommes » incluant :

  • La création de 200 pôles spécialisés pour traiter les dossiers de violences intrafamiliales dans les tribunaux judiciaires. Ces pôles sont dotés de magistrats formés et d'une ordonnance de protection pouvant être délivrée en 24 heures.
  • Un congé maladie sans jour de carence pour les femmes ayant fait une fausse couche et améliorer leur suivi psychologique.
  • Des campagnes de sensibilisation sur les risques cardiovasculaires chez les femmes, la recherche sur l'endométriose et la vaccination contre les papillomavirus.
  • Le remboursement par la Sécurité sociale des protections périodiques réutilisables pour les jeunes de moins de 25 ans, ainsi que les préservatifs féminins pour les moins de 26 ans.
  • Des mesures pour renforcer l'égalité professionnelle, y compris l'index d'égalité professionnelle, avec des sanctions pour les entreprises ne respectant pas ces normes.

 

La Journée Internationale des droits des femmes célèbre également les femmes en tant qu'agents de changement. Partout dans le monde, ces dernières ont pris des rôles de leadership, en apportant des contributions vitales dans des domaines tels que la science, la politique, l'éducation et les arts. Leur leadership et leur résilience continuent d'inspirer et de motiver des générations pour la poursuite de l'égalité et de la justice.

Le plan d'entrepreneuriat pour les créatrices marque un tournant dans la promotion de l'égalité des sexes dans le monde du travail. L'Accord-cadre triennal signé entre Bpifrance et le ministère chargé de l’Égalité entre les femmes et les hommes vise à soutenir et promouvoir activement la création et la reprise d'entreprises par des femmes. Cela inclut l'augmentation des financements disponibles pour les entrepreneuses et la lutte contre les stéréotypes de genre dans l'écosystème entrepreneurial. En outre, il reconnaît les défis structurels uniques auxquels les femmes entrepreneuses sont confrontées, notamment en matière d'accès au financement et de réseaux professionnels. Cette initiative est d'une importance capitale car elle aborde non seulement la sous-représentation des femmes dans le monde de l'entrepreneuriat, mais aussi les barrières systémiques qu'elles rencontrent. En améliorant l'accès au financement et en offrant un accompagnement spécifique, ce plan pourrait considérablement augmenter le nombre de femmes dirigeantes et diversifier l'économie française.

 

Un chemin encore long

La Journée Internationale des Droits des Femmes nous rappelle que, malgré les progrès réalisés, le chemin vers l'égalité totale est encore long. C'est un appel à l'action pour les gouvernements, les entreprises, les organisations et chaque individu à s'engager activement dans la lutte pour les droits des femmes. Cette journée sert de miroir, reflétant à la fois les avancées réalisées et les obstacles restants, et encourage chacun à jouer un rôle actif dans la création d'un monde où l'égalité des sexes est une réalité pour tous.

 

 À propos de l'auteur

Marion Gadot - DIRECTRICE PEOPLE & CULTURE FRANCE BENELUX • PEOPLE & CULTURE

Psychologue de formation, Marion présente une expérience de plus de 20 ans dans les Ressources Humaines et le recrutement.  Elle intègre Hays en 2004 et évolue en tant que Consultante puis Manager au sein du bureau de Paris. Elle a managé plusieurs divisions (Immobilier, Public Para-Public, RH & Juridique, HCRH, …) et une équipe de 5 à 25 Consultants avant de rejoindre le département People & Culture en 2018.  Depuis 5 ans, Marion est Responsable du Talent Management et des projets RH pour Hays France & Luxembourg. Elle est également coordinatrice People & Culture pour la Belgique et les Pays-Bas.  

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