La politesse est-elle un réel atout en entreprise ?
5 mins de lecture | Marie Maillard & Sylvie Taverne | Article | Culture des salariés

La politesse en entreprise, un réflexe oublié aux bénéfices insoupçonnés
« Bonjour », « merci », « cordialement » … Ces quelques mots ne sont pas de simples automatismes sociaux. Ils occupent une place discrète mais essentielle dans nos interactions quotidiennes. Trop souvent relégués au rang de réflexes sans importance, ils portent en réalité une charge bien plus significative qu’il n’y paraît.
Pris dans la spirale du quotidien professionnel, entre réunions à la chaîne, urgences qui s’accumulent, boîtes mail qui débordent et objectifs à atteindre, qui prend encore le temps de parsemer ses messages de formules de politesse ? Dans un monde professionnel où chaque seconde compte et où la performance est reine, la courtoisie peut sembler appartenir à une autre époque, un luxe superflu, voire un frein à l’efficacité.
Mais saviez-vous que la politesse en entreprise possédait un pouvoir insoupçonné ?
Le pouvoir de la politesse en entreprise
Au-delà de la simple courtoisie d‘usage, la politesse agit comme un accélérateur de relations professionnelles durables et de coopération efficace. Elle favorise la confiance, réduit les tensions et crée un environnement propice à l’écoute active et la collaboration.
Plusieurs études en psychologie sociale démontrent d’ailleurs que les comportements polis, même minimes, influencent positivement la perception que l’on a de ses collègues et de ses supérieurs. Un simple « merci » est alors capable de renforcer le sentiment de reconnaissance d’un collaborateur et un « bonjour » peut suffire à témoigner d’un respect mutuel.
La politesse devient alors bien plus qu’un code de conduite : elle devient un véritable levier de performance collective, parfois invisible mais puissant. Dans un monde du travail en quête de sens, de bien-être et de relations plus humaines, la politesse participe à créer un climat de sécurité psychologique.
Politesse en entreprise : quels avantages ?
Si la politesse relève du « savoir-vivre », il est important de ne pas sous-estimer les effets bénéfiques qu’elle peut apporter :
1. Un sentiment d’appartenance renforcé
Un salarié salué, écouté et reconnu se sent valorisé. Ces gestes simples, mais sincères, nourrissent le respect mutuel et renforcent le lien entre l’individu et l’organisation. La politesse agit ici comme un marqueur de considération : elle montre que chacun compte, quelle que soit sa fonction. Ce sentiment d’être respecté et intégré favorise l’engagement, la loyauté et la volonté de contribuer activement aux objectifs communs.
2. Une coopération facilitée et des tensions désamorcées
Dans un environnement où la courtoisie est la norme, les échanges sont plus fluides, même en cas de désaccord. La politesse permet d’exprimer des critiques de manière constructive, sans blesser ni humilier. Elle réduit les malentendus, encourage l’écoute et crée un climat de confiance propice à la résolution rapide des conflits. En somme, elle rend les relations de travail plus saines et plus efficaces.
4. Une image de marque valorisée
Une entreprise où la politesse est naturelle et sincère renvoie une image professionnelle, humaine et respectueuse. Cela se ressent dans les échanges avec les clients, les partenaires, les fournisseurs, et même sur les réseaux sociaux ou les plateformes d’évaluation. Cette culture de la courtoisie devient un atout pour attirer de nouveaux talents, fidéliser les collaborateurs et renforcer la réputation de l’organisation
Politesse en entreprise : une qualité perçue comme secondaire ?
On la considère comme acquise ou encore naturelle, preuve que la politesse reste reléguée au second plan dans les priorités d’une entreprise. Cette perception est d’autant plus paradoxale à l’heure où les soft skills sont de plus en plus valorisées. En effet, les termes « intelligence émotionnelle », « écoute active » ou encore « leadership bienveillant » sont sur toutes les lèvres.
Mais pourquoi ce décalage ? Pourquoi la politesse, qui est pourtant au cœur des compétences relationnelle, est si rarement mentionnée ?
Sans doute parce que la politesse est discrète, silencieuse et qu’elle ne se mesure pas si facilement. Elle ne s’écrit pas sur une liste de tâches et se traduit encore moins en indicateurs de performance. Au contraire, elle agit en arrière-plan, dans des détails du quotidien. Si la politesse ne se remarque pas, son absence en revanche se fait immédiatement sentir : tensions latentes, échanges abrupts, malentendus facilement évitables, voire désengagement des salariés, etc.
La politesse en entreprise : levier stratégique ou compétence dépassée ?
Il serait naturel de se demander si la politesse a toujours sa place dans un monde du travail où l’authenticité et l’efficacité priment sur le reste. En effet, certaines personnes pourraient estimer que l’expression directe et la franchise sont des indispensables dans la course à l’innovation.
Cependant, la politesse n’est pas l’ennemie de la sincérité et de la franchise. Au contraire, il est tout à fait possible d’être franc et respectueux. En effet, la politesse permet d’aborder les sujets sensibles sans blesser, dire « non » sans humilier et d’exprimer des critiques constructives.
Par ailleurs, la politesse constitue une compétence relationnelle de grande valeur, notamment dans des environnements internationaux et multiculturels. Dans un marché du travail où l’expérience collaborateur devient un levier stratégique, faire de la politesse une valeur d’entreprise permet non seulement de se différencier, mais aussi de renforcer la fidélisation des talents.
Peut-on (ré)apprendre la politesse ?
Si certains peuvent penser que la politesse doit rester spontanée et ne peut être imposée, il est possible de la cultiver activement. A l’image d’une compétence sociale, la politesse peut être renforcée par une prise de conscience, un changement d’habitudes ou encore par la formation.
Car à l’ère des soft skills, la politesse peut être considérée comme une compétence comportementale qui peut se cultiver et se développer. Mais par quels biais ?
- Par l’exemplarité de ses pairs ou de ses supérieurs qui insufflent la bonne dynamique à leurs équipes et à l’entreprise.
- Par des formations dédiées aux soft skills, qui peuvent porter sur l’intelligence émotionnelle, la communication verbale, ou la gestion de conflits, etc.
- Par de simples rituels et habitudes comme le fait de saluer systématiquement ses collègues, de remercier ou encore de veiller à l’orthographe de ses emails.
Il ne s’agit pas là de normer tous les échanges, mais bien de redonner de la valeur à ce qui relie les individus entre eux au-delà des objectifs chiffrés. Elle ne vise pas non plus à banaliser la courtoisie humaine et en faire un processus déshumanisé, vidé de son intention sincère.
Au contraire, la politesse permet de réintroduire de l’humanité dans les relations professionnelles souvent dominées par la performance ou encore les délais. Elle agit comme un rappel subtil que derrière chaque tâche, chaque message, chaque interaction, il y a une personne.
À propos de l'auteur
Sylvie Taverne – Manager Exécutive Senior
De formation supérieure en Conseil et Gestion stratégique des Ressources Humaines, Sylvie présente une expérience de plus de 20 ans dans le recrutement.
Après une expérience dans le travail temporaire, elle intègre Hays en 2010 et le BTP devient son domaine de prédilection.
Depuis près de 15 ans, Sylvie accompagne les candidats et les entreprises de la région Occitanie dans leur projet de développement professionnel et de recherche de nouveaux talents.
En parallèle, elle évolue sur des fonctions managériales en encadrant l’équipe de consultants dédiés au recrutement permanent CDI et prend la direction du bureau de Montpellier en janvier 2020 avec une équipe de 15 consultants. En juillet 2024, Sylvie est nommée au poste d’Office Manager Exécutif Senior.