JOB HOPPING : UN PHÉNOMÈNE EN EXPANSION

6 mins de lecture | Oualid Hathroubi | Article | Tendances de marché

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Job hopping : point sur les professionnels qui maîtrisent l’art de changer de poste

Dans l’échiquier dynamique du marché du travail contemporain, il existe un phénomène dont la popularité ne cesse de croître auprès des professionnels, particulièrement chez les jeunes générations aspirant à une ascension rapide et à une diversification de leurs compétences : le “job hopping”. Se traduisant littéralement par “saut d’un emploi à l’autre”, le job hopping était autrefois le symbole d’une carrière chaotique et le marqueur d’une certaine précarité professionnelle. Cependant, aujourd’hui, il est perçu par beaucoup non seulement comme une stratégie d’évolution de carrière légitime mais aussi comme un moyen d’exploration et d’adaptation face au monde du travail en constante évolution.

La révolution digitale, les aspirations à l’équilibre entre vie professionnelle et personnelle, ainsi que le désir d’épanouissement et d’autonomie, influencent profondément les trajectoires professionnelles. Dans cet article, voyons comment cette tendance reflète les transformations profondes de notre rapport au travail et comment, en le comprenant mieux, il est possible d’en optimiser les avantages.

 

Définition et contextualisation du phénomène

La notion de “job hopping” n’est pas nouvelle, mais son interprétation a significativement évolué ces dernières années. Historiquement associé à une forme de comportement professionnel instable, le job hopping est aujourd’hui revitalisé et acclimaté dans un contexte économique et social bien distinct.

 

A. Distinction et fondements

Concrètement, ce phénomène se définit par une succession rapide et volontaire de postes, souvent pour des périodes n’excédant pas quelques années et parfois même moins. Contrairement à la mobilité professionnelle classique, qui peut inclure des mutations internes ou des transitions motivées par des circonstances involontaires (licenciements, restructurations), le job hopping est une forme proactive de changement d’emploi. C’est une démarche personnelle et stratégique visant à l’épanouissement professionnel, l’acquisition accélérée de compétences et l’ascension hiérarchique.

 

B. Un symptôme d’une ère de changement

L’ascension de cette tendance s’ancre dans une période où les entreprises sont traversées par des vagues incessantes d’innovation technologique. Dans un environnement où les méthodes de travail et les compétences recherchées sont en flux perpétuel, rester dynamique dans sa carrière est moins un choix qu’une nécessité.

Ce phénomène reflète également l’entrée massive des milléniaux et de la génération Z sur le marché du travail, des groupes aux aspirations différentes de leurs prédécesseurs. Ces générations soulignent l’importance de l’autonomie, de la flexibilité et de la poursuite de valeurs personnelles au sein de leur environnement de travail. D’après une étude récente publiée par Deloitte en 2023, 43% des milléniaux envisagent de quitter leur emploi dans les deux ans, ce qui souligne un désir de changement et de développement personnel.

 

C. L’appréhension culturelle

Malgré son acceptation croissante, le job hopping souffre encore de préjugés. Certains recruteurs restent sceptiques quant à la capacité des “job hoppers” à s’engager sur le long terme. Ces perceptions varient cependant selon les secteurs et les cultures d’entreprise. Dans les industries où l’innovation prime, telles que la tech ou le digital marketing, un parcours diversifié peut être interprété comme un atout. À l’inverse, dans des domaines plus traditionnels, le passage rapide d’un emploi à un autre peut susciter des réserves.

Mais ces tendances ne sont pas homogènes à travers le globe ; elles varient considérablement en fonction des cultures professionnelles, des économies nationales et des législations en matière d’emploi. Dans les marchés où le dynamisme économique et la flexibilité du travail sont encouragés, comme aux États-Unis ou au Royaume-Uni, les taux de job hopping sont traditionnellement plus élevés. Par contraste, dans des pays ayant une forte protection de l’emploi et une grande valeur accordée à la sécurité de carrière, tels que la France, l’Allemagne ou le Japon, les taux sont plus bas.

Cependant, la tendance globale indique une convergence vers une mobilité professionnelle accrue. Selon l’OCDE, les contrats à durée déterminée et les formes de travail atypiques gagnent du terrain dans beaucoup de ses pays membres, ce qui pourrait signaler un assouplissement global et une acceptation grandissante du job hopping.

En somme, le job hopping n’est pas un caprice de la génération Y et Z, mais le reflet d’une époque où le renouvellement et l’adaptation sont les maîtres mots. La sécurité de l’emploi n’ayant plus la même signification qu’auparavant, chercher constamment de nouvelles opportunités devient un moyen de sécuriser sa carrière par l’expérience et la compétence plutôt que par la longévité en entreprise.

 

Les facteurs contribuant à l’essor du job hopping

L’augmentation de cette pratique n’est pas fortuite et peut être attribuée à une convergence de facteurs qui modifient la manière dont les travailleurs envisagent leur parcours professionnel. Ces éléments catalyseurs ont contribué à normaliser et à promouvoir le job hopping comme une stratégie de carrière viable.

 

A. L’évolution du marché du travail

L’ère du numérique a profondément redessiné le marché de l’emploi, influençant les industries et créant de nouveaux secteurs où la demande pour des compétences spécialisées est en augmentation constante. Les travailleurs d’aujourd’hui doivent être agiles, aptes à s’adapter aux technologies changeantes et disposés à apprendre continuellement. Dans ce contexte, la mobilité professionnelle se présente comme une réponse logique aux exigences d’un marché fluide et imprévisible. Une étude de McKinsey Global Institute prévoit que d’ici 2030, jusqu’à 375 millions de travailleurs à travers le monde pourraient avoir à changer de catégorie professionnelle en raison de l’automatisation.

 

B. La recherche de meilleures opportunités

Dans le contexte actuel, où l’offre d’emploi devient globale, les frontières ne sont plus une limite aux aspirations professionnelles. La possibilité de bénéficier de meilleures conditions de travail, d’un salaire plus élevé ou d’avantages plus significatifs incite les travailleurs à adopter une posture proactive vis-à-vis du changement d’emploi. En conséquence, les carrières ne sont plus linéaires mais se transforment en une suite d’opportunités ciblées, alimentées par l’envie de progression et la quête d’un travail enrichissant.

 

C. L’aspiration au développement des compétences

Un autre moteur primordial du job hopping est le désir de développement professionnel continu. Les individus cherchent à emmagasiner une vaste gamme de compétences en vue de rester compétitifs et de se distinguer sur le marché du travail. Nombreux sont les professionnels qui considèrent l’apprentissage de nouvelles compétences comme une composante importante de leur décision à accepter un nouvel emploi. Le job hopping est une avenue pour l’expansion du savoir-faire, l’acquisition de nouvelles perspectives et la découverte de différentes cultures d’entreprise.

 

D. La valorisation de l’équilibre travail-vie personnelle

Le désir d’un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle est devenu un facteur clé dans la décision de changer d’emploi. Avec l’avènement d’outils digitaux permettant une plus grande flexibilité, beaucoup de travailleurs cherchent à s’éloigner des modèles professionnels rigides et chronophages. Selon notre sondage de l’étude de rémunérations Hays 2023, 59% des candidats répondants ont déclaré avoir opté pour le mode de travail hydride au sein de leur entreprise, à partir d’un jour de télétravail par mois jusqu’au 100% télétravail.

Le job hopping est parfois le moyen d’atteindre un mode de vie plus harmonieux et autonome. En fin de compte, ces facteurs créent un environnement qui non seulement valide mais encourage la mobilité professionnelle comme une composante essentielle de la construction de carrières modernes, adaptatives et épanouissantes.

 

Le job hopping et le marché du travail actuel

Le marché du travail a toujours été un territoire en mutation, mais les récents bouleversements, comme ceux induits par la pandémie de la COVID-19, ont accentué les tendances vers la flexibilité et l’individualisation des parcours professionnels. Le job hopping s’inscrit dans ce paysage mouvant et révèle également la capacité de résilience et d’adaptabilité des travailleurs face à de nouveaux défis.

 

A. L’impact de la crise sanitaire sur le comportement professionnel

La crise sanitaire a contraint les entreprises et les salariés à reconsidérer leurs méthodes de travail. Le télétravail généralisé et les mesures de flexibilité ont montré que des configurations alternatives étaient possibles et parfois même bénéfiques pour la productivité et le bien-être des salariés. La possibilité de télétravail est devenue un critère majeur dans la recherche d’emploi.

 

B. Une plus grande autonomie dans la gestion de carrière

Les professionnels sont de plus en plus nombreux à jouer un rôle actif dans la gestion de leur carrière, cherchant à maximiser leurs expériences et à renforcer leur employabilité sur le long terme. Le job hopping devient alors un outil stratégique pour diversifier leur portfolio de compétences et pour rester attractifs sur un marché concurrentiel. Selon un rapport de Randstad, 57% des travailleurs considèrent que changer d’emplois régulièrement est bénéfique pour faire avancer leur carrière.

 

C. Le futur du travail redéfini par la polyvalence

Si l’on projette les tendances actuelles dans le futur, le job hopping pourrait bien devenir la norme et non l’exception. Avec la mondialisation, les carrières internationales deviennent plus accessibles et la digitalisation des espaces de travail abolit les frontières géographiques, permettant aux travailleurs de changer d’emploi sans changer de lieu de vie. En définitive, le job hopping est le miroir d’un marché du travail plus agile, offrant à la fois des défis et des opportunités. Les travailleurs comme les entreprises qui embrassent cette réalité avec flexibilité et stratégie se trouveront mieux équipés pour prospérer dans l’économie mondiale de demain.

 

Alors que le job hopping reçoit encore des avis mitigés, il s’est imposé comme un élément incontournable dans l’élaboration des stratégies de carrière, notamment pour les générations montantes du marché du travail. Cette tendance n’est alors plus considérée comme une anomalie mais une caractéristique de plus en plus admise du paysage professionnel moderne.

Les entreprises sont appelées à considérer cette nouvelle donne pour attirer et retenir les talents. Cela implique de repenser les parcours professionnels, de valoriser la diversité des expériences et de créer un environnement propice à la mobilité interne comme externe.

Finalement, le job hopping ne s’apparente pas à une fin en soi, mais un moyen au service d’une carrière réfléchie et dynamique. À une époque où la notion du travail se réinvente rapidement, on peut anticiper que ce phénomène continuera d’évoluer et de s’adapter. Ceux qui parviendront à en tirer avantage sans succomber à ses écueils seront les artisans de leur propre succès professionnel dans une ère d’opportunités et de transformations incessantes.

 

 À propos de l'auteur

Oualid Hathroubi – Directeur Hays Paris

De formation supérieure en économie, Oualid présente une expérience de plus de 16 ans dans le recrutement. Il intègre Hays en 2007 et la Finance devient son domaine de prédilection.

Voilà donc 16 ans que Oualid accompagne les candidats et les entreprises de la région Ile-de-France dans leur projet de développement professionnel et de recherche de nouveaux talents. En parallèle, il évolue sur des fonctions managériales en encadrant l’équipe de Consultants dédiés au recrutement intérim et permanent du bureau parisien.

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