MANQUE DE SOMMEIL : CES CONSÉQUENCES SUR VOTRE VIE PROFESSIONNELLE

7 mins de lecture | Capucine Besse & Noémi Capell | Article | Bien-être

femme fatiguée ordinateur

Les troubles du sommeil sont choses courantes dans le monde du travail. D’ailleurs, d’après l’Institut national du sommeil et de la vigilance, 45 % des Français ne dorment pas assez et selon un sondage Hays mené sur LinkedIn, 92 % des répondants pensent que le manque de sommeil affecte leur travail. Pire, pour 52 %, ces répercussions sur leur vie professionnelle sont fréquentes.

A l’occasion de la journée internationale du sommeil, célébrée le 18 mars, revenons sur les conséquences du manque de sommeil sur la vie professionnelle. 


Dormez-vous suffisamment ?

Chez les adultes, la durée moyenne de sommeil est de 8 heures, néanmoins, les besoins varient d’une personne à l’autre. Ainsi, quand certains se contentent de 6 heures, d’autres ont besoin de 9 à 10 heures pour se sentir reposés. « Ces différences sont liées à des facteurs génétiques », explique l’Institut national du sommeil et de la vigilance.

Or, selon l’Institut, 29 % des Français dorment moins de 7 h par jour en semaine, et 7 h 50 le weekend. Par ailleurs, toujours selon l’association, ceux qui dorment le moins sont les catégories socioprofessionnelles supérieures, dont les professions intellectuelles supérieures, mais aussi les chefs d’entreprise, les artisans et les commerçants.

Bref, si vous ne dormez pas assez, vous êtes loin d’être le seul. Malheureusement, le manque de sommeil peut avoir des répercussions plus ou moins lourdes sur votre vie privée comme sur votre vie professionnelle. 


Quelles sont les conséquences de ce manque de sommeil sur le travail ?

Le sommeil est indispensable au maintien des fonctions d’apprentissage, de mémorisation et d’adaptation à des circonstances nouvelles. Quand vous ne dormez pas suffisamment, votre santé physique et mentale en est impactée : on observe alors une augmentation du risque de cancer, de dépression et de problèmes cardiaques, du stress et de l’anxiété. 

De plus, les troubles du sommeil peuvent avoir un effet négatif sur votre humeur, votre capacité à vous concentrer et à être productif, et donc sur votre vie professionnelle. 

Voici les conséquences que le manque de sommeil peut avoir sur votre travail :


Perte de concentration

Sans surprise, la perte de sommeil peut rendre plus difficile le maintien de la concentration, de l'attention et de la vigilance. Se sentir somnolent et lutter pour rester éveillé demande beaucoup d'énergie, se concentrer sur les tâches longues et celles qui demandent de la concentration devient donc plus laborieux. 

Cette diminution de la concentration peut être liée à l'impact des micro-sommeils, qui sont des épisodes momentanés (0,5 à 15 secondes) de non-réactivité qui entraînent des pertes d'attention.


L'innovation, la créativité et l’aptitude à prendre des décisions affectées

Dans une interview de 2018 pour le Wall Street Journal, Jeff Bezos affirme qu'il faut dormir 8 heures par nuit pour bien décider, être de meilleure humeur et mieux penser : « Je me couche tôt, je me lève tôt, j'aime bien prendre mon temps le matin ». Il ajoute même refuser les réunions « à haut QI » avant 10 heures du matin.

« Ceux qui dorment le moins sont les catégories socioprofessionnelles supérieures, dont les professions intellectuelles supérieures, mais aussi les chefs d’entreprise, les artisans et les commerçants. »

Et il a raison, car le manque de sommeil entraîne une diminution des fonctions cognitives. Lorsque vos capacités cognitives sont réduites, vous êtes moins alerte et plus lent à réagir, ce qui peut affecter vos performances professionnelles et l’aptitude à prendre des décisions.

Le manque de sommeil a également des répercussions négatives sur l’esprit d’innovation. En effet, la privation de sommeil affecte le cortex préfrontal du cerveau, en charge de l'innovation et de la créativité. 


Davantage d’erreurs

Les personnes qui souffrent d’un manque de sommeil sont également plus susceptibles de commettre des erreurs au travail, car elles prennent plus de temps pour réagir dans des situations critiques. Selon une enquête de l’agence Qapa, 58 % des Français admettent « faire des erreurs à cause de la fatigue ».

Dans certaines professions, des temps de réaction réduits peuvent signifier que l'on manque un appel téléphonique important ou que l'on ne répond pas rapidement à une conversation. Dans d'autres professions, comme les médecins, les premiers secours et les chauffeurs routiers, des temps de réaction lents peuvent avoir des répercussions bien plus lourdes.


Un risque accru d’accidents du travail

Dans le même ordre d’idées, la privation de sommeil augmente les risques d’accidents de travail. Selon la Fondation nationale du sommeil québécoise, les personnes somnolentes sont « 70 % plus susceptibles » que leurs collègues bien reposés d’avoir des accidents.


Troubles de l’humeur et du comportement

Travailler quand on ne dort pas assez peut nous rendre plus irritables, plus en colère et plus vulnérables au stress. Dans les situations stressantes ou négatives, les réactions émotionnelles sont amplifiées, ce qui conduit à des réactions excessives à des moments inappropriés. Le stress et l'irritabilité ressentis pendant la journée de travail peuvent ensuite se répercuter sur la vie familiale, rendant plus difficile l'endormissement. Un véritable cercle vicieux.

Avec le temps, la perte chronique de sommeil augmente le risque de troubles mentaux plus graves, comme l'anxiété et la dépression, qui peuvent engendrer une perte de productivité encore plus importante.


Apprendre à mieux dormir : quelques conseils     

Voici quelques conseils pour garantir une bonne nuit de sommeil :

 

  • Exposez-vous à la lumière du jour dès le matin
  • Pratiquez une activité physique régulière, mais pas moins de 3 à 4 h avant l’heure du coucher
  • Le soir, préférez une activité calme (musique douce, lecture, relaxation)
  • Aménagez-vous un temps de transition entre le travail et les activités de la soirée pour créer une vraie coupure
  • Préparez votre corps au calme : évitez l'alcool, la caféine, les cigarettes dans les heures précédant le sommeil et évitez les plats trop gras et difficiles à digérer le soir
  • Aménagez-vous une chambre propice au sommeil (obscurité, calme, température entre 18 et 20°C)
  • Retirez autant d'appareils numériques que possible et déconnectez-vous 1 à 2 h avant de vous coucher (smartphone, tablette, ordinateur)
  • Préparez votre esprit au sommeil : couchez-vous et levez-vous à peu près à la même heure chaque jour, en associant votre lit au sommeil (et non à la télévision, à la nourriture ou au travail !)
  • Avant de vous coucher, en particulier si vous êtes sujet au stress, une idée est de noter dans un carnet tout ce qui vous préoccupe pour vous vider la tête. Si vous vous réveillez à 2 heures du matin en ressassant les événements de la veille ou en anticipant ceux du lendemain (par exemple, cette présentation importante devant votre manager demain matin), là aussi, couchez vos angoisses sur le papier.

 

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