COMMENT RETROUVER L’ENVIE DE TRAVAILLER APRÈS UN BURNOUT ?
6 mins de lecture | Marie Hathroubi & Noémi Capell | Article | Bien-être

Qu’est-ce que le burnout ?
Le burnout est un syndrome d’épuisement professionnel qui traduit une angoisse permanente causée par une accumulation de stress. Littéralement, faire un burnout c’est se consumer, brûler de l’intérieur. Considéré comme le mal du siècle, le burnout touchait à l’origine les professions médicales et celles qui nécessitent un engagement personnel intense. Désormais, tous les métiers et secteurs d’activité sont visés.
Face au stress chronique, l’individu fait face jusqu’à ce que son corps « lâche » et qu’il ne soit plus capable de s’investir dans son travail. Ainsi, le burnout se caractérise par un épuisement émotionnel, une dépersonnalisation (insensibilité, vision négative des autres et du travail) et un sentiment de ne pas répondre aux attentes de sa hiérarchie et de ses collègues (résultats en baisse, sentiment de gâchis).
« Les fonctions RH sont particulièrement éprouvées, avec 63 % de salariés en état de burnout, dont 34 % de manière sévère. »
Le burnout se manifeste surtout lorsqu’un salarié ressent un écart trop important entre ses attentes, la représentation qu’il a de son métier et la réalité de son travail.
Soigner l’épuisement professionnel : récupérer physiquement et émotionnellement
Avant même de penser retourner au travail, la personne touchée par le burnout, extrêmement fatiguée, doit récupérer physiquement.
D’ailleurs, il faut savoir que l’un des effets du burnout est l'amincissement de la matière grise d'une zone du cerveau appelée cortex préfrontal, servant normalement à agir de manière appropriée, à prendre des décisions complexes et à être capable de raisonner de manière synthétique et réfléchie. Le burnout a aussi un impact sur notre capacité à prêter attention et à mémoriser, rendant plus difficile l’apprentissage de nouvelles choses et augmentant le risque d’erreurs au travail, explique Amy Arnsten, professeure de neurosciences à l'école de médecine de Yale pour CNN.
Quand certaines facultés intellectuelles sont affectées et/ou le corps lâche, il faut d’abord se reposer. Cela passe par bien dormir, bien se nourrir, adopter une bonne hygiène de vie, pratiquer une activité physique régulière et des activités de loisirs que l’on aime pour retrouver confiance en soi.
Pour aller mieux, il faut se poser les bonnes questions
En parallèle, il est important de faire le point sur le plan psychologique et d’être suivi par un médecin et/ou un psychologue du travail (voire un psychiatre dans certains cas). Ces professionnels vont aider à identifier les causes de l’épuisement professionnel : le burnout a-t-il été déclenché par une nouvelle organisation dans l’entreprise ? Un plan social ? Des nouveaux objectifs fixés ? Mais aussi, est-ce que les missions ou l’entreprise plaisent et correspondent toujours au salarié ? A-t-il envie de revenir dans son entreprise ou d’aller voir ailleurs ?
Il faut aussi apprendre à mieux se connaître et à se comprendre : comment réagir face à une situation stressante ? Comment distinguer les urgences des priorités ? Comment communiquer avec les autres (et notamment ses supérieurs) pour expliquer que la charge de travail est trop importante ? Quelle est ma part de responsabilité dans ce qui m’est arrivé ? Qu’est-ce que je peux changer ?
« Quand certaines facultés intellectuelles sont affectées et/ou le corps lâche, il faut d’abord se reposer. Cela passe par bien dormir, bien se nourrir, adopter une bonne hygiène de vie, pratiquer une activité physique régulière et des activités de loisirs que l’on aime pour retrouver confiance en soi. »
La guérison passe par de nouvelles habitudes et une prise de recul face à sa situation. Pour aller mieux et éviter que cette situation ne se répète, il est capital d’apprendre à se protéger du stress, à s’écouter et à déculpabiliser : contrairement aux idées reçues, le burnout touche les salariés les plus impliqués au travail.
Reprendre son activité sereinement : adopter la bonne stratégie
Si vous avez souffert d’épuisement professionnel, vous savez certainement qu’il existe un avant et un après burnout. Voici nos conseils pour reprendre le chemin du travail :
Retrouver un bon équilibre vie professionnelle/vie privée
Votre burnout vous a envoyé un signal d’alarme fort : votre rythme ne vous convenait plus et vous devez donc réapprendre à respecter l’équilibre entre votre vie personnelle/professionnelle et prendre du temps pour vous. Au quotidien, dormez plus, pratiquez une activité physique régulière qui vous plaît, mangez sainement, et surtout, prenez le temps.
Apprenez aussi à déconnecter : prenez de vraies pauses déjeuner, rangez votre portable professionnel en dehors des heures de travail, ne lisez pas vos emails les soirs et le weekend, et encore moins pendant les vacances. Cela peut demander un énorme travail sur soi, mais c’est nécessaire pour votre santé mentale.
Apprendre à dire non
L’un des effets du burnout est la perte de certaines de ses capacités. Pour éviter de vous retrouver dans la situation qui vous a poussé au burnout, vous devez fixer vos propres limites. Faites de vous et plus particulièrement de votre santé mentale votre priorité. Si vous ne pouvez faire telle ou telle chose par manque de temps ou de moyen, dites-le. Vous devez apprendre à accepter quand vous ne pouvez pas mener à bien une tâche et à le dire.
Changer ce qui ne va pas et se réinventer
Pour reprendre sereinement votre activité, faites le point avec votre hiérarchie et voyez ensemble comment modifier certains paramètres : par exemple, vous pourriez travailler sur de nouveaux projets, organiser différemment votre activité, réaménager votre poste en réduisant le temps de travail, faire du télétravail, etc. Vous n’avez pas à vous épancher et raconter votre vie, mais exposez clairement votre demande pour avoir plus de chances d’obtenir ce dont vous avez besoin.
Si malgré les discussions avec la hiérarchie, vous ne vous sentez plus capable de retourner à votre environnement de travail initial, apprenez à vous réinventer et prenez un nouveau départ, par exemple en envisageant une reconversion professionnelle. Vous pouvez ainsi soit solliciter votre hiérarchie pour obtenir une nouvelle affectation (dans un autre département par exemple), soit vous renseigner auprès d’un organisme de formation pour apprendre un nouveau métier et évoluer dans un autre secteur d’activité qui correspond davantage à vos aspirations actuelles.
En parler à ses collègues… ou pas
Retourner au bureau et affronter les questions des collègues peut être difficile, voire source d’angoisse. Plus particulièrement si vous avez été absent de longues semaines ou des mois, commencez par prendre de leurs nouvelles et posez-leur des questions sur leurs missions comme sur leur vie privée pour renouer les liens et retrouver votre place au sein de votre équipe.
Vous pouvez décider d’expliquer votre absence à vos collègues ou préférer en cacher la raison et ainsi, éviter les questions gênantes. En effet, ayez conscience que certains de vos collègues ne vont pas forcément comprendre ce que vous avez vécu. C’est vous qui choisissez.
Toutefois, se confier à ses collaborateurs les plus proches permet d’obtenir du soutien et reprendre son travail plus sereinement. Ces discussions peuvent aussi vous aider à mieux comprendre ce qu’il s’est passé et ce qui doit changer. Et qui sait, vous deviendrez peut-être une ressource voire une référence pour ceux qui rencontrent également des difficultés au travail !
Le burnout ne doit pas être pris à la légère. Toutes les étapes de reconstruction sont essentielles pour réussir son retour au travail. Même après avoir vécu un burnout, il est important d’être suivi régulièrement pour prendre le temps de s’écouter et surtout, ne pas rechuter.
À propos de l'auteur
Marie Hathroubi - TALENT ACQUISITION & TRAINING EXECUTIVE DIRECTOR
Diplômée d’une école de commerce, Marie a travaillé au sein d’un service RH dans le secteur de l’industrie. Elle y réalise des tâches lui permettant de découvrir l’ensemble de la fonction RH notamment au niveau recrutement, formation et administration du personnel.
Chez Hays depuis 2007, Marie a d’abord occupé le poste de consultante en recrutement pendant 4 ans pour accompagner tous types d’entreprises en Ile-de-France dans leur problématique RH et plus précisément de Recrutement.
En 2011, Marie bénéficie d’une mobilité interne et occupe aujourd’hui le poste de Directrice du recrutement et de la formation interne. Cette fonction lui permet de superviser l’ensemble des recrutements de permanents et de stagiaires sur la France & le Luxembourg ainsi que leur parcours d’intégration.