En 1779, Ned Ludd, un tisserand d'Anstey, près de Leicester en Angleterre, casse deux machines servant à confectionner des bas dans un excès de rage. À cette époque, les actions de Ned font sensation : les ouvriers anglais du secteur du textile protestent alors contre les manufactures qui utilisent des machines de manière « frauduleuse et trompeuse », car ils craignent que le temps passé à apprendre les compétences de leur métier ne soit perdu, les machines venant à les remplacer au sein de l'industrie. Ces protestataires ont depuis été surnommés les « luddites ». Les sources ne s'accordent pas sur l’existence réelle de Ned Ludd, mais le terme « luddite » est aujourd'hui largement utilisé dans le monde anglo-saxon pour décrire les personnes réfractaires aux nouvelles technologies.
Ned et ses camarades manifestants ne le réalisaient peut-être pas, mais ils assistaient à la première révolution industrielle, celle de la mécanisation, de la puissance de la vapeur et des métiers à tisser. Celle-ci a été suivie par une deuxième révolution industrielle avec la production de masse, l'électricité et les chaînes de montage. Les ordinateurs, l'électronique et les robots physiques ont donné naissance à une troisième révolution et nous sommes aujourd'hui à l'aube d’une quatrième révolution industrielle : celle de l'automatisation intelligente, de l'IA et de l'Internet des objets.
Le gouvernement britannique admet que des offres d'emploi seront créées tandis que d’autres métiers viendront à se raréfier : « Le risque auquel nous sommes confrontés n'est pas une prise de contrôle de nos lieux de travail par des robots. C’est la réticence des entreprises et du gouvernement à emprunter la voie de la quatrième révolution industrielle qui laisse les autres nations prendre l’initiative et tirer parti des avantages offerts par les nouvelles technologies, notamment en termes de croissance et de création d’emplois, tandis que nous resterons immobiles sur le bas-côté » (source : Automation and The Future of Work, Aaron Benanav). De même, la volonté de la France de préserver sa compétitivité dans le secteur industriel a conduit à investir massivement dans les individus et dans les technologies.
Pramod Khargonekar, vice-président en charge de la recherche à l'université de Californie à Irvine aux États-Unis, et Meera Sampath, vice-présidente associée de la recherche à l'Université d’État de New York, ont rédigé un article sur ce sujet intitulé Socially Responsible Automation : A Framework for Shaping the Future (Automatisation socialement responsable : une approche pour façonner l’avenir).
Dans ce document, les auteurs affirment que l'automatisation peut tout à fait exercer une influence positive sur l'humanité, mais que cela nécessite, de la part des entreprises, une transformation par niveau visant à atténuer les conséquences socio-économiques :
Niveau 0 : L’automatisation centrée sur les coûts. Au niveau le plus bas de la pyramide, l'objectif principal est d'obtenir un bénéfice financier. À l’origine de pertes socio-économiques élevées, ces programmes ne parviennent pas à obtenir le soutien de la main-d'œuvre et rencontrent une résistance tout au long de leur cycle de vie.
Niveau 1 : L’automatisation centrée sur les performances. Cette approche tient compte de l'interaction humaine avec l'automatisation. Au sein du processus, les employés prennent des décisions en fonction de leur expérience ou agissent lorsque le processus dépasse les capacités des robots. Si l'objectif principal se concentre désormais sur la performance globale plutôt que sur la réduction des coûts, il n’y a pas de valeur réelle en matière de bien-être des employés ou d’avantages sociaux. Le profit reste le moteur principal.
Niveau 2 : L’automatisation centrée sur les travailleurs. À ce niveau, l'entreprise a conscience des répercussions de l'automatisation et agit notamment pour améliorer le bien-être du personnel plutôt que pour augmenter les profits de l’entreprise. L'objectif est d'encourager de nouvelles formes de développement au sein des salariés. Si cette approche est axée davantage sur la main-d’œuvre, la stratégie de l’entreprise ne prend pas en compte les conséquences économiques et sociales plus globales.
Niveau 3 : L’automatisation socialement responsable. Au sommet de la pyramide, le bien-être de la société est essentiel. L'automatisation entraîne une spécialisation du personnel grâce à la croissance et à la productivité, et les robots sont conçus pour accompagner les humains dans la conduite de ces fonctions. Les chefs d'entreprise s'engagent à créer de nouvelles sources de revenus et à développer la croissance.
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Diplômé d’un Master en école de commerce à Strasbourg, Olivier a rejoint Hays en 2015 en tant que Consultant IT. Recruteur Tech expérimenté, il a été récompensé en interne à plusieurs reprises pour ses performances individuelles, et a notamment reçu le prix du meilleur Consultant IT Hays France et Luxembourg à trois reprises. Après avoir été Manager commercial spécialiste du marché du numérique en France, Olivier occupe actuellement le poste de Head of Tech perm Recruitment France & Luxembourg.